Imprimé depuis le site Archives du Formindep / publié le jeudi 1er avril 2010

grippe A et indépendance des experts

le Formindep supplie le Professeur Bruno Lina de rejoindre ses rangs

En ce premier avril 2010, suite à l’audition du Professeur Bruno Lina devant la commission d’enquête du Sénat sur l’influence de l’industrie durant l’épidémie de grippe A, le Formindep a pris contact avec le professeur pour lui demander d’accepter d’être membre d’honneur du Formindep.

Directeur du Centre national de référence des virus de la grippe pour le sud de la France, chef du laboratoire de virologie du CHU de Lyon, et membre du Comité de lutte contre la grippe (CLCG), le Professeur Bruno Lina a surtout été (injustement) épinglé dans la presse en tant que président du conseil scientifique du GEIG, Groupe d’étude et d’information sur la grippe, organisme entièrement financé par les firmes pharmaceutiques productrices de vaccin antigrippal. Le Professeur Bruno Lina, de même que l’ensemble des membres du CLCG n’avaient pas jugé bon de révéler ces liens avec les firmes pharmaceutiques, avant qu’une presse malveillante, avide de remuer la merde, les mettent à jour.

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Paru dans le numéro de décembre 2008 de la revue Prescrire http://www.prescrire.org/

Et pour cause ! Mais quel intérêt bon sang ?!...

Le Professeur Bruno Lina a été interrogé à de nombreuses reprises, encore lors du reportage de France 3 diffusé le 31 mars : "la pandémie de la peur" sur le fait de savoir si ses liens récurrents financiers avec l’industrie pouvaient altérer son jugement et biaiser ses recommandations.

Sa réponse a été chaque fois claire, nette et sans ambiguïté : « Ce n’est pas parce qu’un expert a des liens avec l’industrie que son indépendance est altérée. On peut et doit parler avec tout le monde, et les relations avec les firmes nous permettent au contraire d’appréhender la globalité des questions que nous étudions. Nous avons, nous les experts, notre intégrité, notre honnêteté, notre transparence, qui ne sauraient être remises en question par de vulgaires avantages, sollicitations, rémunérations, etc. »

Propos probablement réitérés ce 31 mars, sous la foi du serment, lors de son audition au sénat dans le cadre de la commission d’enquête.

Le Formindep ne peut que s’incliner avec respect devant de telles affirmations.

Alors que l’ensemble des connaissances en socio-psychologie démontre l’importance et la réalité des influences conscientes et inconscientes sur le comportement des êtres humains ;
alors que l’industrie pharmaceutique dépense des milliards de dollars pour influencer les professions de santé, rémunérer les leaders d’opinion afin de relayer sa communication pour vendre toujours plus ;
alors que, comme l’a démontré le Formindep dans l’analyse de l’affaire Tamiflu, des recommandations des experts de la grippe ont été émises à l’encontre ou en l’absence des données scientifiques fiables, il existe donc dans le monde au moins un professionnel de santé capable de rester indépendant tout en étant consultant et rémunéré par l’industrie pharmaceutique : le Professeur Bruno Lina.

C’est donc possible. C’est donc confirmé : par la grâce immanente du serment d’Hippocrate, le médecin est à même de s’élever naturellement au dessus du vulgum pecus, et de s’exonérer ainsi des contingences du genre humain.
Quelles que soient les pressions subies, l’expert sanitaire lui est capable de rester droit dans ses bottes, inflexible, intègre, protégé définitivement par la cuirasse éthique de sa fonction médicale renforcée qui plus est par son état d’expert.

C’est ainsi qu’on reconnaît l’excellence de l’expert sanitaire : à sa capacité de résistance et d’intégrité. Plus il est sollicité plus il est soumis à des influences, et plus il est indépendant et plus ses avis sont dégagés de toute pression. L’expert absolu travaille au Leem.

Le Professeur Bruno Lina constitue donc une des références, LA référence de l’expertise en France et dans le monde, par sa capacité à résister aux pressions qu’il subit, sans altérer aucunement son jugement et son indépendance.

C’est donc à ce titre que le Formindep le supplie humblement d’adhérer à l’association. Sa présence serait un signe et un espoir considérables pour les actions du Formindep en faveur d’une information médicale indépendante. Le Formindep a besoin de tels phares éthiques de la médecine, capables de s’extraire de la basse condition humaine pour ouvrir la voie à une humanité transcendée. L’expert médical, par son aptitude à la liberté, à résister à toute soumission, y compris et surtout dans les pires conditions d’influence, nous montre la voie.
Non content d’accéder à l’excellence professionnelle et technique dans la pratique de l’art médical, l’expert sanitaire y ajoute l’excellence éthique et humaine. L’expert médical résiste par définition, par essence, à l’expérience de Stanley Milgram. L’expert médical est libre lui, et d’autant plus libre qu’on tente vainement de l’enfermer.

Alléluia.

Aux dernières nouvelles, le Professeur Bruno Lina réserve sa réponse à la proposition d’adhésion au Formindep. Il craint que sa participation au Formindep n’altère son indépendance. Un scrupule qui est tout à son honneur.

Post Scriptum :

PS : le Formindep a également sollicité l’ensemble des experts qui sont intervenus lors de l’épidémie de grippe A pour enrichir de leurs lumières la réflexion sur l’indépendance.