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En réponse à notre demande de communication des éléments par lesquels Thomas Lönngren, ancien directeur exécutif de l’Agence Européenne du Médicament, avait été autorisé à prendre immédiatement après son mandat diverses fonctions dans l’industrie malgré un conflit d’intérêts patent, nous avons reçu copie de deux lettres.

Par la première, Thomas Lönngren sollicite l’autorisation auprès du Conseil de Direction (Management Board) de l’Agence. Dans la seconde, une semaine plus tard, Patrick O’Mahony, président de ce conseil et également directeur de l’Agence irlandaise du médicament (IMB), la lui accorde.

Ces lettres illustrent la désinvolture avec laquelle l’EMA traite la question des conflits d’intérêts (traduction de l’anglais par nos soins) :

« Cher Pat » écrit Lönngren le 28/12/2010.

« J’ai décidé d’utiliser mon expérience et ma connaissance des secteurs de la santé et du médicament pour lancer ma propre entreprise et devenir consultant. Mon objectif est de continuer dans ma profession et de bâtir sur plus de 30 années d’expérience dans le domaine pharmaceutique. Je fournirai conseil et avis à l’industrie pharmaceutique, aux agences de réglementation, aux agences gouvernementales et ONG, aux organisations à but non lucratif et à d’autres sociétés de conseil, sur des questions de management, stratégie et réglementation. Je prendrai également des fonctions non exécutives dans le secteur pharmaceutique.

Je suis pleinement conscient de mes obligations et engagements vis-à-vis de l’EMA et je peux t’assurer que dans mes nouvelles fonctions il n’y aura aucun conflit d’intérêts, ni infraction au code de conduite, ni à aucune autre de mes obligations contractuelles en tant qu’ancien employé de l’EMA.
(..)

Je démarrerai ma nouvelle entreprise en tant que consultant le 1er janvier 2011 et l’éventuel poste non exécutif en temps voulu. »

Réponse de « Pat » le 8 janvier :

« Cher Thomas,
Nous n’avons aucune objection à ces activités, compte tenu de ton assurance qu’elles ne constituent pas un conflit d’intérêts et n’enfreignent ni le code de conduite ni aucun autre aspect du règlement du personnel.
(..)
Je te souhaite beaucoup de succès dans tes futures entreprises. »

Transposons ce dialogue entre un gendarme et un automobiliste alcoolisé :

-Pat, j’ai bu, mais je te promets, je suis en dessous de la limite, je n’enfreindrai aucune loi.

-Je te crois sur parole, Tom ! Bonne route !

On croit rêver… Pas le moindre début de description des entreprises concernées, des tâches conférées, des associés éventuels de sa nouvelle entreprise.
Pas la moindre interrogation sur le fait que débuter une activité le lendemain de son départ implique qu’alors qu’il était encore Directeur de l’Agence Européenne du Médicament, il avait déjà des liens d’intérêts avec ses futurs employeurs.

Interrogée sur ce point, et précisément le fait que Lönngren décrivait publiquement ses futures fonctions au sein de NDA un mois avant la fin de son mandat, lors d’une interview à PharmExec, l’EMA botte en touche, en éludant la question épineuse de la date.

La réponse complète de l’Agence nous apprend que Thomas Lönngren a adressé une seconde lettre à l’EMA, peu après notre intervention. Cette seconde lettre a contrairement à la première suivi la procédure normale et été soumise à l’examen du comité paritaire de l’Agence, mais nous n’en savons pas plus car elle nous est pour l’instant encore refusée.

La procédure a toutes les apparences d’une tentative de replâtrage en urgence.
Il faut dire que quelques grains de sable se sont entre temps glissés dans le monde des Bisounours.

Une réaction citoyenne et politique

Plusieurs réseaux d’associations œuvrant pour la santé ou contre la corruption se sont saisis de l’affaire. Health Action International, ISDB, Corporate EU Observatory, ALTER-EU ont publié un communiqué commun fustigeant les dérives de l’Agence.

Voilà qui fait tache au moment où, tirant les leçons d’un précédent scandale du même ordre, le président de la Commission Manuel Barroso annonçait un resserrement du Code de Conduite des commissaires.
Le réseau ALTER-EU était parvenu à faire plier la Commission Européenne sur le cas de pantouflage de l’ancien commissaire Charles Mc Creevy, y parviendra-t-il cette fois ?

Plusieurs élues se sont elles aussi attaquées au problème : les députées européennes Corinne Lepage (France) et Antonyia Parvanova (Bulgarie) du groupe ADLE (Démocrates et Libéraux, centriste) ont mis en demeure la Commission de s’expliquer sur le cas de M.Lönngren.

Et coïncidence malheureuse de calendrier, l’EMA dans son ensemble est mise en cause dans l’affaire Mediator, qui a vu le dossier du benfluorex s’ « enliser » pendant 9 années à l’EMA, selon les termes du rapport de l’IGAS. Les députées européennes écologistes Michèle Rivasi et Eva Joly (France) ont demandé auprès de l’Office Européen de Lutte AntiFraude (OLAF) l’ouverture d’une enquête sur le rôle joué par l’agence dans cette affaire. L’OLAF doit se prononcer ce mois sur son opportunité.

Le pantouflage, un mal profond

Et dire que Patrick O’Mahony avait promis, lors de sa réélection à la tête du conseil de direction de l’EMA, à l’unanimité en juin dernier, une meilleure prévention des conflits d’intérêts et une plus grande transparence...

Mais dans la grande tradition de l’IMB, l’agence irlandaise du médicament, Pat O’Mahony vient de l’industrie. Son prédécesseur à l’IMB Frank Hallinan a été recruté auprès de la firme Schering, et a rejoint Pfizer après son mandat à l’agence. Son prédécesseur a ensuite dirigé le syndicat local de l’industrie pharmaceutique (IPHA)… Dernier d’une longue lignée de responsables pour qui les fonctions publiques ne sont qu’une parenthèse dans une carrière au service des firmes, Pat O’Mahony n’a pas pu voir ce qui choquait dans la demande de Lönngren.

Le pantouflage, les « revolving doors  » sont pourtant un fléau, d’autant plus généralisé dans le secteur de la santé que celui-ci est à la fois très lucratif et très réglementé. Les firmes ont donc un grand intérêt à débaucher des fonctionnaires ou placer leurs hommes dans les agences publiques, ainsi que les ressources financières pour soutenir cette stratégie d’entrisme.

Le mobile et le moyen. Et des gendarmes du médicament qui veillent efficacement...

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