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jeudi 3 juillet 2008

Lobbying et conflits d’intérêts

Le danger des médicaments sur internet ?

Surtout une campagne de communication de l’industrie pharmaceutique

Un rapport de l’EAASM, « Alliance européenne pour l’accès à des médicaments sûrs » a été largement repris dans la presse ces derniers jours. [1].
Ce rapport avance que 62 % des médicaments vendus sur internet seraient des contrefaçons, 95 % des pharmacies en ligne seraient illégales, etc. Outre que le constat est pris pour argent comptant dans les divers articles qui évoquent ce rapport (alors même qu’il n’était pas encore publié en ligne), aucun journal ne semble avoir cherché à en savoir plus sur cette « Alliance Européenne pour un Accès Sûr aux Médicaments ».

Dommage, car cela aurait été intéressant…

L’EAASM se présente sur son site internet comme « un partenariat indépendant réunissant différents acteurs du milieu et de l’industrie de la santé dans une lutte pour la sécurité des patients ».
La liste des membres fondateurs et donateurs compte tout le beau linge de l’industrie pharmaceutique , au premier rang desquels les producteurs de Viagra°, Cialis° et Levitra°, particulièrement prisés sur le net.

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Quant aux « groupes de patients » présents au conseil d’administration de l’EAASM, qui s’enorgueillit de cette parité industrie/patients, leur identification est plus difficile.

Jim Thomson, le président de l’EAASM, a un parcours particulièrement intéressant.
Directeur de Innervate Ltd, société de marketing spécialisée, il crée ou aide à l’organisation de groupes de patients et sociétés cliniques ad hoc, dont Innervate Ltd assure le secrétariat, les relations publiques, le marketing, etc. Parmi les sociétés créées et gérées par Innervate, on relève par exemple la Primary Care Neurology Society dont on notera les généreux bienfaiteurs.

Depuis 2005 M. Thomson se consacre essentiellement à une cause : lutter contre le commerce parallèle des médicaments. Cette technique pourtant légale de réimportation intra-UE des médicaments à partir des pays à bas tarif (Grèce, France, etc.) vers les pays (UK, Allemagne, Pays-Bas, etc.) où les prix de vente des médicaments sont les plus élevés, représente en effet un manque à gagner intolérable pour l’industrie.

Pour cela, il officie sous différentes casquettes :

 Le Center for Mental Health, dont il est le fondateur et PDG ;
 The Healthwell , qu’il a également co-fondé ;
 Le Partnership for Safe Medicine
dont il est le représentant pour l’Europe. La direction exécutive de ce “Partnership” est assurée par M. LaGanga, également directeur de PhRMA, syndicat de l’industrie pharmaceutique aux USA, équivalent du Leem en France.

C’est au nom de l’une ou l’autre de ces organisations, voire de deux en même temps comme ici,
que M. Thomson mène depuis des années cette campagne.

Et pour cela, il use d’arguments massues. En pratiquant l’amalgame, Jim Thomson, au travers de ses officines successives, présente le commerce parallèle comme un risque sanitaire majeur (les médicaments réimportés seraient contrefaits), voire de sécurité publique, car le commerce parallèle financerait le grand banditisme et le terrorisme, ainsi qu’il l’affirmait déjà lors d’un colloque à l’OCDE en 2005 (sous la casquette du Center for Mental Health) :

Ce qui explique sans doute pourquoi le seul rapport publié par l’EAASM jusqu’à présent était une violente diatribe contre le commerce parallèle des médicaments : «  European patient safety and parallel pharmaceutical trade – a potential public health disaster ? ». Un désastre sanitaire en puissance ! Le prix de ce rapport étant prohibitif, 595 €, peu l’ont sans doute lu, mais l’essentiel est dans le titre.

On comprend dès lors beaucoup mieux l’intérêt de l’EAASM, outre de nobles et légitimes préoccupations de santé publique, à faire campagne contre l’achat de médicaments sur internet, qui permet au patient de pratiquer lui-même son « commerce parallèle ».

L’étude peu fiable d’une agence de communication pharmaceutique

Quant à la fiabilité de l’étude de l’EAASM, difficile pour de journalistes sérieux d’en juger car, rappelons-le, elle n’était pas encore publiée au moment de la diffusion du communiqué.

A sa lecture, les soupçons de conflit d’intérêts ne font pourtant que se confirmer. Cette étude ne vise pas vraiment à l’objectivité.
En effet, la méthode suivie laisse perplexe :

 Les 18 médicaments commandés sur le net, présentés comme représentatifs du “Top 200” des ventes US, sont vraisemblablement sélectionnés sur d’autres critères non avoués, car leur position moyenne dans ce classement est 47ème, et 5 des 18 médicaments cités n’y figurent pas du tout ! En revanche, tous sont produits par l’un ou l’autre des laboratoires finançant l’EAASM, en particulier les membres de la European Sexual Dysfunction Alliance (ESDA) dont tous les produits (Viagra°, Cialis°, Levitra°, Propecia°) figurent dans l’étude.
 Mais surtout, les pharmacies en ligne sélectionnées pour l’étude l’ont été par une méthode bien particulière. Tout d’abord, la recherche par mots clés dans les moteurs de recherche populaires. Un seul des mots clés indiqués dans le rapport (“online pharmacy”) suffit à renvoyer vers plus de 16 millions de pages ! Sur quels critères dans ces conditions avoir sélectionné la centaine de sites retenus pour l’étude ? Mystère… Une deuxième méthode intervient alors : retenir les “pharmacies” démarchant leurs clients par spams. Echantillonner les “pharmacies” en fonction de leur recours illégal au spamming est en effet la meilleure façon de s’assurer du manque de sérieux des dites “pharmacies”.

Avec de telles méthodes, on est étonné de voir que néanmoins 38 % des médicaments commandés dans cette étude ont été authentiques.

En conclusion, ne nous y trompons pas : derrière cette campagne pour la « sécurité » des patients se cache une campagne contre le commerce des médicaments sur internet, mais surtout le dernier épisode en date d’une longue campagne de lobbying contre le commerce parallèle et pour la plus grande gloire du chiffre d’affaires des sociétés pharmaceutiques.

Post Scriptum :

Conflits d’intérêts : L’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêts avec une entreprise ou un organisme commercialisant ou fabriquant un produit de santé.

[1Voir par exemple l’émission “Le téléphone sonne” de France Inter du 2 juillet 2008, qui semble décidément ne pas manquer une occasion de relayer la communication des firmes pharmaceutiques

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