Imprimé depuis le site Archives du Formindep / publié le vendredi 5 septembre 2008

ALTER-TABACOLOGIE

En donnant à la Société que j’ai fondée en 1983 le titre de "Société d’Etude de la Dépendance Tabagique et des Phénomènes Comportementaux Apparentés", et le même nom au Diplôme d’Université en 1986, je voulais montrer que la dépendance était le phénomène central de ce qui devait devenir l’Addictologie.

Mais le vide scientifique total face au tabagisme, pourtant reconnu comme le facteur le plus important de morbidité et de mortalité dans notre pays, était un paradoxe éclatant. Le but était donc clair : "Promouvoir la recherche scientifique sur le tabac et sa diffusion".

Mais en proposant en 1990 le néologisme de "Tabacologie" pour raccourcir le titre, je n’avais alors pas conscience de fonder une nouvelle discipline.

Le développement des enfants ne correspond pas hélas pas toujours aux souhaits des parents. Pendant 20 ans, j’ai cherché à faire naître une véritable recherche scientifique indépendante, centrée sur le bénéfice que pourrait en retirer le fumeur. L’échec est total. Non seulement aucune unité INSERM ou CNRS n’est encore consacrée à l’étude du tabac, mais la Société de Tabacologie elle-même a disparu, remplacée par une Société Française de Tabacologie, dont je me refuse à cautionner la dépendance à l’égard des firmes pharmaceutiques, qui lui fait perdre de vue l’intérêt des fumeurs.

Le contenu sémantique de "Tabacologie" a donc changé. Il ne s’agit plus de véritable recherche scientifique, mais au mieux de "Recherche-Développement" pour une meilleure promotion médicamenteuse, et de formater les esprits des "Tabacologues" grâce à des revues et congrès de plus en plus luxueux et des travaux et exposés biaisés.

Dans le DIU de Tabacologie de Paris, peu de voix hélas essaient d’exprimer un regard critique. En continuant à l’organiser, je choisis les intervenants pour leur compétence, leur demandant simplement de déclarer leurs conflits d’intérêts. Bien peu hélas s’y prêtent. Pas plus d’ailleurs qu’ils ne le font dans les media qui leur sont largement ouverts. Si je ne pratique aucunement l’ostracisme, le moins qu’on puisse dire est qu’on ne me rend pas la pareille.

C’est pourquoi je sais gré au Formindep de m’ouvrir cette tribune, ainsi qu’au site http://tabacologie.fr. Ils me permettent de m’exprimer. J’essaierai, au gré de l’actualité, de donner un point de vue scientifiquement étayé sur ce qui concerne le tabac, le tabagisme, et les mesures prises à son encontre. J’ai hésité sur le titre. Anti-tabacologie m’avait tenté, mais c’était un peu me renier, et évoquait fâcheusement les dérives de l’anti-psychiatrie. Alter-Tabacologie me va mieux, une autre façon de voir la tabacologie, centrée sur ce que l’on peut apporter de mieux au fumeur, qui est la véritable victime du tabac.

Je déclare sur l’honneur, selon le décret 2007-454 du 25 mars 2007 d’application de l’article 26 de la loi du 4 mars 2002 (article L 4113-13 du code de la santé publique) n’avoir aucun conflit d’intérêt avec les entreprises de produits de santé. J’ajoute n’avoir par ailleurs avec ces entreprises comme avec l’industrie du tabac que des relations purement scientifiques sans aucun bénéfice personnel.