Imprimé depuis le site Archives du Formindep / publié le dimanche 17 août 2008

Indépendance de l’information médicale

L’agence italienne du médicament mise au pas

En mai dernier des responsables de l’agence italienne du médicament (AIFA)
avaient été impliqués dans un scandale, accusés d’avoir accordé des AMM de
médicaments en échange de paiements des firmes. Les firmes Bayer et GSK ont été citées dans la presse italienne, mais ont bien sûr démenti.

Ce scandale avait créé un malaise jusqu’au niveau européen, puisqu’un des
responsables italiens impliqué avait également des responsabilités
importantes au sein de l’agence européenne du médicament (EMEA).

L’occasion était trop belle pour le gouvernement italien de Silvio
Berlusconi de se saisir de ce prétexte pour faire un ménage "industriel" au
sein de l’agence du médicament.

En effet l’AIFA, outre ces missions réglementaires comme
la fixation du prix des médicaments, fournit également une information indépendante aux professionnels de santé, et finance une recherche médicale indépendante des firmes qui faisait référence, en particulier en médecine générale.

Le gouvernement Berlusconi vient donc de limoger le directeur de l’agence
italienne, Nello Martini, qui n’avait pas de part dans le scandale, et de
décider la réorganisation de l’agence en l’amputant de certaines de ces
prérogatives qui seront confiées maintenant au ministère de la santé.

Des chercheurs et des cliniciens italiens viennent de lancer un appel contre
le limogeage de Nello Martini, rappelant qu’il faisait un travail exemplaire
en protégeant l’agence des pressions des firmes et en contenant les dépenses
de médicaments en Italie.

Parmi les signataires de l’appel, Gianni Tognoni, président de l’institut
Mario Negri, proche de la revue Prescrire en France. Maria Font, présidente de l’International Society of Drug Bulletins (ISDB), dont fait partie la revue Prescrire, déplore également le renvoi de Nello Martini.

Les firmes pharmaceutiques peuvent se réjouir. Les patients et les
professionnels de santé, en particulier médecins généralistes, moins.